Dans la province du Tanganyika, autour de la ville de Manono, se trouve l’un des plus vastes gisements de lithium en roche dure inexploités au monde. Ce minerai, indispensable à la fabrication des batteries, place la RDC face à une opportunité historique, devenir un acteur majeur de la transition énergétique mondiale.
Mais derrière ce potentiel se cachent des zones d’ombre qui rappellent les erreurs du passé dans le cuivre et le cobalt, où les richesses ont profité à une minorité au détriment des communautés locales.
Pour éviter que le lithium ne devienne un nouveau scandale minier, Resource Matters appelle à une gouvernance exemplaire. L’organisation insiste sur la nécessité de renforcer la gouvernance publique, d’impliquer la société civile et les communautés locales, de publier intégralement les contrats miniers conformément au Code minier, et d’intégrer des garanties solides de transparence et de lutte contre la corruption dans toutes les négociations politiques et économiques.
Malgré l’importance stratégique du lithium de Manono, neuf signaux d’alerte montrent que le secteur naissant est exposé à des risques majeurs,
1. Le conflit persistant entre AVZ et la société d’État Cominière autour de la partie sud de Manono.
2. Des irrégularités possibles dans le transfert des parts de l’État au sein de certaines coentreprises.
3. La difficulté à retracer la propriété effective de plusieurs entreprises impliquées.
4. Le rôle discutable de certaines sociétés dans le développement des projets miniers et le transfert de droits.
5. Le respect contesté des procédures d’attribution des permis miniers.
6. La facilité apparente de la Cominière à traiter avec des entreprises politiquement connectées.
7. L’opacité dans la publication des contrats de joint-venture entre Cominière et des partenaires privés.
8. Le paiement controversé à une ONG liée à des réseaux politiques.
9. La disparition inexpliquée de 20 millions de dollars dans le compte de dépôt d’AVZ.
Pour éviter que le lithium ne devienne un nouveau scandale minier, Resource Matters propose plusieurs mesures essentielles ,
– Renforcer la gouvernance publique, garantir que les institutions de contrôle disposent des moyens et de l’indépendance nécessaires.
– Impliquer la société civile et les communautés locales, assurer que les populations concernées participent aux décisions et bénéficient des retombées.
– Publier intégralement les contrats miniers, respecter le Code minier et mettre fin à l’opacité des joint-ventures.
– Intégrer des garanties solides de transparence et de lutte contre la corruption, inscrire ces principes dans toutes les négociations politiques et économiques liées au lithium.
Manono peut devenir un symbole de rupture avec les pratiques opaques du passé. Mais cette opportunité ne sera bénéfique pour la RDC et ses citoyens que si elle s’accompagne d’une gouvernance exemplaire et d’une transparence totale.
Rédaction
