Santé

Lutte contre le VIH/sida : entre avancées scientifiques et inquiétudes croissantes

La lutte mondiale contre le VIH/sida traverse une phase paradoxale. Si les progrès scientifiques ouvrent de nouvelles perspectives, le dernier rapport de l’Onusida dresse un constat alarmant, la riposte internationale s’essouffle, fragilisée par la baisse des financements et les ruptures de services essentiels.

Aujourd’hui, près de 40,8 millions de personnes vivent avec le VIH. Pourtant, selon Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’Onusida, contactée par la RFI, « la réponse mondiale contre le VIH a connu son plus important recul depuis des décennies ».  

Dans 13 pays, le nombre de personnes nouvellement mises sous traitement a diminué.  En Éthiopie et en République démocratique du Congo, les ruptures d’approvisionnement affectent aussi bien les tests de dépistage que l’accès aux antirétroviraux. Au Nigeria, la distribution de préservatifs a chuté de 55%.  Les organisations communautaires, piliers de la riposte, sont durement touchées, plus de 60% de celles dirigées par des femmes ont dû suspendre des programmes vitaux.  

En 2024, 1,3 million de nouvelles infections ont été enregistrées, tandis que 9,2 millions de personnes restent privées de traitement. « Le VIH n’est pas fini », martèle Winnie Byanyima, qui appelle à une mobilisation urgente.  

La situation est aggravée par la faiblesse des ressources. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose n’a récolté que 11 milliards de dollars pour les trois prochaines années, alors qu’il en estimait le besoin à 18 milliards. Pire encore, cette reconstitution est inférieure à celle de 2022, menaçant la pérennité de nombreux programmes à travers le monde.  

Malgré ce contexte préoccupant, la recherche continue de progresser. Pour Yazdan Yazdanpanah, directeur de l’ANRS-MIE, la situation illustre une « double dynamique »,  des avancées thérapeutiques majeures, mais une capacité affaiblie à les déployer.  

Parmi ces innovations, les traitements antirétroviraux à longue durée d’action marquent une étape importante. Ils permettent aux patients de s’affranchir de la prise quotidienne de comprimés, une injection tous les deux mois suffit. Selon les études, 43% des personnes vivant avec le VIH privilégient ces traitements longue durée, avant même des critères comme les effets secondaires ou la taille des comprimés.  

La lutte contre le VIH/sida se trouve donc à la croisée des chemins. Les avancées scientifiques offrent des solutions concrètes pour améliorer la qualité de vie des patients. Mais sans financements suffisants et sans soutien aux organisations communautaires, ces progrès risquent de rester lettre morte.  

 

Rédaction 

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