L’année 2025 restera gravée dans la mémoire collective de la République Démocratique du Congo comme l’une des plus sombres de son histoire récente. À l’Est du pays, la crise sécuritaire s’est intensifiée avec la chute des villes stratégiques de Goma, le 26 janvier, et de Bukavu, le 14 février, tombées entre les mains des rebelles de l’AFC/M23.
Ces conquêtes ont été précédées par une escalade des affrontements entre les rebelles de l’AFC/M23, soutenus par le Rwanda selon plusieurs rapports des Nations Unies, et les Forces Armées de la RDC (FARDC), appuyées par les Volontaires pour la Défense de la Patrie les Wazalendo ainsi que l’armée burundaise. Les combats ont engendré des violations massives des droits humains : viols, pillages, massacres de civils, et déplacements forcés de populations.
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a révélé dans son rapport du 24 mars que près de 1,7 million de personnes sont actuellement déplacées au Sud-Kivu. Ces familles vivent dans des conditions précaires, exposées à la famine, aux maladies et à l’insécurité permanente.
La chute de Bukavu a plongé la ville dans une spirale de violence quotidienne, tueries, attaques nocturnes, justice populaire en l’absence d’un appareil judiciaire fonctionnel. Des évadés de la prison centrale sèment la terreur, endeuillant des familles entières. Les femmes et les enfants paient le plus lourd tribut, fausses couches liées au stress, dépression, et besoin urgent d’un accompagnement psychologique.
Sur le plan économique, les pillages ont touché aussi bien les établissements publics que privés. Les femmes, pilier économique de leurs foyers, ont vu leurs biens et épargnes disparaître. Celles engagées dans des structures de microfinance comme les AVEC peinent à rembourser leurs crédits, aggravant leur vulnérabilité.
Depuis l’occupation du Sud-Kivu, les réseaux sociaux sont devenus des vecteurs de haine et de désinformation, menaçant la cohésion sociale. Les médias, muselés par les rebelles, ne peuvent plus exercer librement. Le 23 février, une réunion entre la cellule de communication du M23 et une soixantaine de journalistes à Bukavu a imposé des directives strictes : interdiction de relayer les propos des autorités congolaises, interdiction de diffuser des informations négatives sur le M23, et obligation de remplacer le mot « occuper » par « libérer » dans les productions journalistiques.
Dans ce contexte de guerre et de propagande, les médias restent un outil essentiel pour sensibiliser les populations aux comportements à adopter, promouvoir le vivre-ensemble et défendre les valeurs démocratiques. Malgré les menaces, des voix continuent de s’élever pour dénoncer, informer et résister.
Rédaction





