Face à un déversement massif d’effluents acides ayant contaminé plusieurs quartiers de Lubumbashi, le ministre des Mines, Louis Watum Kabamba, a pris la décision de suspendre les activités de la société chinoise Congo Dongfang Mining (CDM). Un geste qui pourrait marquer un tournant dans la régulation du secteur minier congolais.
Entre le 3 et le 5 novembre 2025, des fuites d’effluents industriels provenant des bassins de CDM, filiale du géant chinois Huayou Cobalt, ont envahi les quartiers périphériques de Kasapa, Kamisepe et Kamatete. L’eau s’est teintée de vert, les odeurs métalliques ont saturé l’air, et des mares acides ont transformé les ruelles en zones de danger invisible.
« Nous avons trouvé l’eau du puits devenue verte. Même les poissons sont morts », témoigne un père de famille à Kasapa, encore abasourdi. Sur les réseaux sociaux, les vidéos de torrents colorés et de visages inquiets ont rapidement circulé, amplifiant la colère et l’angoisse des habitants. En quelques heures, l’affaire dépassait les frontières du Haut-Katanga.
Arrivé sur les lieux à deux heures du matin, le 6 novembre, le ministre des Mines n’a pas attendu le lever du jour pour constater l’ampleur du désastre. Le bassin incriminé, mal conçu et mal entretenu, ne respectait aucune norme internationale, absence de système de contrôle, pas de plan d’urgence, barrières d’étanchéité défaillantes, drainage quasi inexistant. « Ce que nous avons vu ici est inacceptable », a déclaré Louis Watum Kabamba.
Un constat qui révèle un échec, malgré les alertes répétées des riverains et des ONG, CDM a continué d’opérer sans réelle supervision, symbole des failles chroniques du contrôle environnemental.
Convoqués en urgence, les responsables de l’entreprise n’ont pas convaincu. Leurs explications, jugées « insuffisantes et évasives », ont précipité une décision radicale, suspension immédiate des activités du site pour trois mois, renouvelable si nécessaire.
Durant cette période, CDM devra, maintenir les salaires de ses employés, réparer les dommages environnementaux, indemniser les populations affectées, et s’acquitter des pénalités prévues par le Code minier.
La commission technique mixte a été mise en place pour déterminer les causes exactes de l’incident et établir les responsabilités, y compris au sein des services publics de contrôle.
À Kinshasa comme à Lubumbashi, cette suspension est perçue comme un signal fort. Pour la première fois, une société chinoise opérant dans le cuivre et le cobalt secteurs longtemps marqués par une indulgence administrative se voit imposer une sanction exemplaire.
Le gouvernement veut montrer que désormais, aucun opérateur minier, quelle que soit sa nationalité, ne pourra se soustraire aux règles. Le ministère des Mines insiste sur sa détermination à faire respecter strictement les normes environnementales et à promouvoir une exploitation responsable des ressources.
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