Ils ne sont plus de ce monde, mais leur idéologie continue d’inspirer les artisans de paix dans la région des Grands Lacs. Les archevêques Christophe Munzihirwa, Emmanuel Kataliko et Charles Mbogha, figures emblématiques de l’archidiocèse de Bukavu, sont célébrés ce mois d’octobre pour leur engagement en faveur du vivre-ensemble, de l’amour du prochain et du patriotisme.
Décédés respectivement en octobre 1996, 2000 et 2005, ces prélats catholiques ont marqué leur époque par des prises de position courageuses contre les injustices et les conflits sociaux. En reconnaissance de leur héritage spirituel et social, l’Église catholique leur consacre le mois d’octobre, comme un temps de mémoire et de transmission.
Selon l’Abbé Justin Nkunzi, directeur de la Commission Diocésaine Justice et Paix de Bukavu, ces leaders religieux ont été victimes de leur engagement contre le mal.
« Nous faisons mémoire de ces hommes pour que les jeunes comprennent qu’il y a eu, ici même, des hommes de Dieu qui ont prêché la cohésion sociale, non seulement par leurs paroles, mais aussi par leurs actes », a-t-il déclaré.
L’Abbé Nkunzi insiste sur la nécessité de pérenniser leur mémoire à travers les écoles, les églises et les espaces publics, afin que leur message reste vivant dans les consciences.
« Ils étaient ouverts à tous, sans distinction. Leur exemple doit continuer à guider notre société », ajoute-t-il.
L’Église, selon lui, doit rester ouverte aux périphéries existentielles, là où les populations vivent côte à côte et partagent les mêmes réalités. Dans cette région de l’Est de la RDC, les communautés partagent le soleil, les sambaza, les écoles, les hôpitaux et les églises mais aussi les mêmes défis.
Face à une jeunesse qu’il qualifie de « génération Android », avide de savoir mais parfois déconnectée des valeurs de sacrifice et de responsabilité, l’Abbé Nkunzi interpelle,
« Je crois que Monseigneur Munzihirwa, s’il était encore là, prendrait un fouet pour réveiller cette jeunesse, ‘Mettez-vous au travail, aimez votre pays, votre province »
Ce mois d’octobre devient ainsi un moment fort pour raviver les idéaux de paix, de justice et de solidarité portés par ces trois archevêques, et pour rappeler que la foi peut être un moteur puissant de transformation sociale.
Par Sylvie Nabintu