Environnement

RDC: Le Regroupement des Organisations de la Société Civile Environnementale exige un moratoire sur les contrats liés aux transferts d’espèces protégées

Le Regroupement des Organisations de la Société Civile Environnementale en RDC a adressé une note officielle aux plus hautes autorités du pays, dont le Président Félix Tshisekedi, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, ainsi qu’à plusieurs partenaires internationaux. Les acteurs dénoncent une série de scandales liés aux exportations illégales d’espèces protégées et exigent des mesures immédiates pour restaurer la crédibilité du pays face aux engagements internationaux.

Dans cette note rendue publique samedi 29 novembre 2025 et dont une copie réservée à www.lifeinfos.net , ces organisations appellent à un moratoire immédiat sur tous les contrats en cours, notamment avec Vantara, le Qatar et l’Union européenne, jusqu’à la réalisation d’un audit complet de conformité. Elles réclament une enquête urgente et indépendante sur les faits documentés par le rapport CITES, ainsi qu’une clarification officielle du protocole d’accord entre l’ICCN et Vantara, sous la supervision du Parlement. Elles insistent sur la nécessité d’une transparence totale concernant les transferts internationaux d’espèces, afin de les aligner sur la vision 30×30 et le Plan d’Action National pour la Biodiversité validé en 2025.

Salons elles , les responsabilités entre l’ICCN et le Corps PPN doivent également être clarifiées, notamment en ce qui concerne les patrouilles, la sécurité des aires protégées et la lutte anti-braconnage. Enfin, les partenaires techniques et financiers sont rappelés à l’ordre pour un strict respect de la loi congolaise, des normes CITES et de la Convention sur la biodiversité.

Les scandales recensés entre 2023 et 2025 illustrent l’ampleur du problème. En juin 2024, neuf chimpanzés ont été exportés du zoo de Kinshasa vers l’Inde dans des conditions jugées inhumaines. En janvier et mai 2025, douze bébés chimpanzés ont été transférés clandestinement depuis Buta et Bili-Uélé vers Kinshasa et Kisangani, cachés sous des bâches bleues, souffrant de malnutrition et privés de soins vétérinaires. Le 4 juin 2025, une observation au parc présidentiel de la N’Sele a révélé la présence d’une vingtaine de bébés chimpanzés en cages, sans protocoles vétérinaires peut-on lire dans ce document.

Entre juillet 2024 et juin 2025, un volume global suspect de 2 272 animaux a été exporté vers l’Inde, comprenant 400 tortues, 846 oiseaux et 1 017 singes. Ces faits révèlent l’existence d’un réseau transfrontalier organisé et mettent en lumière l’opacité des accords entre l’ICCN et Vantara.

Le rapport officiel de la CITES, présenté lors de la 79e réunion du Comité permanent à Samarkand en novembre 2025, interroge la validité de l’exportation des neuf chimpanzés vers l’Inde. Il souligne l’incohérence des documents officiels, notamment l’ordre de mission du 27 décembre 2024 et la demande de transfert du 7 janvier 2025. Il met en doute l’usage du code source C (captivité) sans preuves de filiation et rappelle que la simple mention « animaux en captivité » est insuffisante.

Face à ces dérives, la société civile demande la suspension administrative des cadres impliqués dans les documents mis en cause, la création d’une Commission Nationale Indépendante de Traçabilité de la Faune incluant la société civile, les scientifiques, les juristes et les communautés locales, ainsi que la mise en place d’un système national unifié de permis électroniques pour réduire la fraude.

Elle exige l’application immédiate du Plan National de Lutte contre le Trafic d’Espèces Protégées avec un budget dédié et un suivi trimestriel. Des poursuites judiciaires doivent être engagées contre les responsables d’exportations illégales, de falsification de permis ou d’exploitation minière dans les aires protégées.

Un audit complet de l’ICCN et des sanctuaires partenaires est demandé, ainsi que la suspension temporaire de tout transfert d’animaux en attendant une enquête transparente. Le Parlement congolais est invité à prendre position face aux faits documentés et confirmés par les médias internationaux et le rapport CITES.

Josué Aruna, coordonnateur de la société civile environnementale et ambassadeur écologique du Bassin du Congo, estime que ces dérives traduisent un effondrement institutionnel et juridique du système de conservation en RDC. Le silence de l’ICCN et l’inaction des autorités exposent le pays à des sanctions internationales et ternissent son image dans la diplomatie verte.

La société civile rappelle que la Loi n°24/20 du 30 décembre 2024 encadre strictement la conservation des ressources naturelles, que la Constitution de la RDC impose à l’État le devoir de protéger l’environnement et la biodiversité, et que la Convention CITES interdit le commerce des espèces inscrites à l’Annexe I.

 

 

Par Sylvie NABINTU 

 

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