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Bukavu : Femmes en première ligne, survivre et faire vivre leurs familles sous occupation

Depuis l’entrée du M23 à Bukavu, les femmes assument la prise en charge des besoins familiaux, dans un contexte de guerre, de déplacement, de pauvreté accrue et d’effondrement des structures sociales. Ce phénomène, bien que non nouveau, s’est intensifié au point de redéfinir les rôles familiaux et économiques dans plusieurs quartiers de la ville.

Depuis la chute de la ville de Bukavu aux mains  de l’AFC/M23 en février 2025, la ville vit sous occupation. Dans ce chaos, les femmes sont devenues les piliers de la survie familiale.

« Mon mari a fui . Je suis restée avec mes quatre enfants. Je vends des beignets chaque matin pour qu’ils mangent au moins une fois par jour », témoigne Mama Chantal, 38 ans, vendeuse à Kadutu.

Avec cette situation de crise, beaucoup se sont tournées dans diverses activités, vente de produits alimentaires, petits commerces, lessive à domicile etc

« Je n’ai pas le choix. Mon mari ne travaille plus. C’est moi qui prend en charge tous besoins familiaux, les frais scolaires de nos enfants grâce à mon petit commerce de légumes », explique Aline, 29 ans, mère de trois enfants à Panzi.

La fermeture de plusieurs banques et institutions de micro finance a privé des milliers de femmes de leurs épargnes.

« J’avais pris un crédit pour agrandir mon étal. Mais les pillages ont tout emporté. Aujourd’hui, je suis endettée et menacée d’exclusion », confie une commerçante du marché de Kadutu.

Cette surcharge de responsabilités a des conséquences lourdes, épuisement, stress chronique, dépression. Des ONG locales rapportent une hausse des cas de troubles psychologiques chez les femmes.

« Certaines femmes pleurent tous les jours. Elles n’ont plus de force. Elles portent tout sur leurs épaules », explique une assistante psychosociale de l’ONG SOS Femme.

Certains hommes reconnaissent ce basculement des rôles. D’autres, déstabilisés par la perte de leur statut traditionnel de pourvoyeur, sombrent dans le silence ou l’alcool. « Je me sens inutile. Ma femme fait tout. Moi, je n’ai plus de travail depuis que notre atelier a été pillé », avoue Jean-Marie.

Mais d’autres hommes s’engagent aux côtés de leurs épouses, partageant les tâches domestiques ou soutenant les activités génératrices de revenus de leurs femmes . « Je l’aide à vendre. On travaille ensemble. Ce n’est pas une honte, c’est notre survie », affirme Patrick, 42 ans, mari d’une commerçante.

Ce phénomène révèle une résilience féminine exceptionnelle,les femmes supportent l’essentiel du poids de la crise. Il est urgent que les politiques humanitaires et économiques intègrent cette réalité dans leurs réponses

 

 

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