Dix mois après la fermeture des banques dans les zones occupées par le M23, la vie quotidienne des habitants de Bukavu et des environs est marquée par une crise silencieuse mais dévastatrice. Lifeinfos est allé à la rencontre de fonctionnaires, de commerçants et de travailleurs pour comprendre comment l’absence de services financiers bouleverse l’économie locale et fragilise la survie des communautés.
Les conséquences sont nombreuses, effondrement économique, aggravation de la pauvreté, entrave à l’aide humanitaire et fragilisation du tissu social. Restaurer l’accès aux services financiers apparaît comme une urgence pour redonner espoir aux habitants et rétablir la confiance dans l’État.
Une population épuisée, un système paralysé
Les témoignages recueillis par Lifeinfos montrent une population contrainte de survivre dans un système bloqué. Restaurer l’accès aux services financiers n’est pas seulement une mesure technique, c’est une urgence humanitaire et politique. Sans cela, la pauvreté continuera de s’aggraver, la cohésion sociale de se fragiliser et la confiance dans l’État de s’effriter.
L’argent bloqué, les vies suspendues
Dans les rues de Bukavu, les récits se ressemblent. Un fonctionnaire rencontré explique avec lassitude, « Je vis à crédit chez les voisins, je peine pour nourrir ma famille. Les économies placées en banque sont devenues inaccessibles, transformant l’argent en une richesse virtuelle, inutile face aux besoins quotidiens. »
Ce sentiment d’impuissance est partagé par de nombreux travailleurs. Les familles sont privées de leurs revenus, incapables de subvenir aux besoins essentiels. Dans les marchés de Bukavu, les vendeurs décrivent une économie au ralenti. Un commerçant de produits alimentaires confie, « Les clients veulent acheter, mais ils n’ont pas d’argent liquide, c’est une autre forme de souffrance dans laquelle nous sommes plongé»
Pauvreté aggravée et vulnérabilité sociale
Les familles déplacées par les combats et les victimes d’incendies vivent un calvaire. Elles n’ont plus accès à leurs économies. Une fonctionnaire interrogée résume la situation, « Nous sommes pris au piège, nos enfants souffrent, et nous n’avons aucun recours. »
Les femmes, souvent responsables de la gestion des ménages, sont particulièrement touchées. Elles ne peuvent plus sécuriser leurs revenus ni planifier l’avenir. La fermeture des banques a transformé la pauvreté en une spirale sans fin. Les jeunes, privés de perspectives, se tournent vers des activités précaires, parfois illégales, pour survivre.
Un autre fonctionnaire parle avec émotion ,« Nous sommes pris en otage. L’État nous abandonne et les rebelles profitent de notre misère. »
Ce sentiment d’abandon alimente la méfiance envers les autorités, la population, déjà fragilisée par les violences, se retrouve abandonnée, délaissée.
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