Politique

Dr Denis Mukwege alerte : les processus de Washington et Doha hypothèquent l’avenir de la RDC

Depuis plus de 150 ans, l’histoire du Congo est façonnée par des puissances extérieures, souvent au mépris des aspirations de son peuple. Aujourd’hui encore, alors que les Congolaises et les Congolais continuent de payer un tribut humain insoutenable, les initiatives de paix se décident loin d’eux, dans des capitales étrangères, sans transparence ni inclusion, et sans volonté réelle de s’attaquer aux causes profondes du conflit.

Dans une déclaration rendue publique et diffusée sur son compte X, le Dr Denis Mukwege dénonce cette logique de négociations menées à l’étranger, sans le peuple congolais, et souligne qu’« il est temps de mettre fin à ces cycles d’accords illégitimes, incapables d’apporter une paix juste et durable ». Ses propos rappellent que les Congolaises et les Congolais ne peuvent rester spectateurs de décisions qui engagent leur avenir.

Les processus de Washington et de Doha s’inscrivent dans cette continuité. Présenté comme une avancée, l’Accord-cadre de Doha ne propose ni mécanismes contraignants, ni calendrier clair, ni garanties de mise en œuvre. Sur huit protocoles prévus, seuls deux ont été paraphés, la libération des détenus (14 septembre) et la surveillance du cessez-le-feu (14 octobre). Pourtant, le M23 et l’Alliance Fleuve Congo (AFC) ont poursuivi leurs offensives, violant le cessez-le-feu et sapant la crédibilité du processus.

Ces initiatives souffrent d’un triple déficit, 

– Bilatéralité : elles ignorent la dimension régionale du conflit, impliquant directement l’Ouganda et le Burundi.

– Opacité : elles se déroulent dans l’ombre, loin des populations congolaises qui en subissent les conséquences.

– Illégalité : elles tendent à normaliser une agression armée, en contradiction avec le droit international.

Les victimes, les communautés locales et les véritables acteurs de paix restent exclus de ces négociations.

La signature de l’Accord de Doha intervient alors même que le Rwanda n’a pas retiré ses troupes du territoire congolais et continue de diriger les opérations du M23 dans les zones occupées, en violation flagrante de la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU. Cette situation équivaut à une annexion de fait des provinces du Nord et du Sud-Kivu. Le Rwanda y exerce une autorité illégale, bafouant la Charte des Nations Unies et le droit des peuples à disposer de leurs richesses naturelles (Résolution 1803).

La coalition M23/AFC et leur parrain rwandais poursuivent une stratégie cynique du « talk and fight », négocier tout en menant des offensives. Les massacres, comme celui de 22 civils à Irhambi/Katana dans la nuit du 23 au 24 novembre, illustrent la brutalité d’un régime imposé par la peur et la violence.

Les accords de Washington et de Doha ne restaurent ni la légalité internationale ni la justice. Ils offrent l’illusion d’avancées diplomatiques, mais ne changent rien à la réalité de millions de Congolaises et de Congolais déracinés, affamés et privés de leurs droits fondamentaux.

Comme le rappelle le Dr Denis Mukwege, aucun agenda politique ou géostratégique ne peut primer sur le droit du peuple congolais à la sécurité, à la justice et à la souveraineté. Le retour de la paix dans l’Est de la RDC exige, des sanctions fortes de la communauté internationale, le retrait des forces étrangères, le démantèlement des administrations parallèles illégitimes,net surtout, l’inclusion pleine et entière des populations locales dans toutes les initiatives de paix.

Tant que les intérêts économiques et miniers primeront sur les droits humains et la dignité du peuple congolais, aucune paix véritable ne sera possible. Il est temps que les Congolaises et les Congolais refusent d’être la variable d’ajustement de rivalités géopolitiques, réclament leurs droits, recouvrent leur dignité et prennent en main leur destin.

 

 

Rédaction 

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