Santé

Violences sexuelles : MSF quitte Salamabila, l’urgence reste

À Salamabila, dans la province du Maniema, les avancées dans la lutte contre les violences sexuelles sont aujourd’hui menacées. Médecins Sans Frontières (MSF), présent depuis 2019, prévoit de mettre fin à ses activités fin octobre 2025. Dans un communiqué rendu public MSF renseigne que cette  décision est motivée par la nécessité de redéployer ses ressources vers d’autres urgences médico-humanitaires, dans un contexte de crise aiguë et de baisse drastique des financements.

MSF appelle les autorités, bailleurs et partenaires humanitaires à prendre le relais pour assurer la continuité d’une prise en charge holistique des survivant·e·s,  soins médicaux, soutien psychologique et accompagnement socio-économique. « Le modèle mis en place à Salamabila est réplicable, efficace et humainement vital. Il ne doit pas disparaître avec notre départ », insiste Idrissa Campaore, responsable des programmes MSF dans le Maniema.

Ce modèle repose sur une approche communautaire innovante, fondée sur l’action des Agents de Santé Reproductive (ASR), des femmes issues de la communauté, souvent elles-mêmes survivantes. Formées par MSF, elles offrent une prise en charge rapide, gratuite et confidentielle. En 2024, 75 % des cas ont été pris en charge par ces ASR, illustrant la pertinence du dispositif.

MSF a également lancé « l’école des maris », un programme de sensibilisation qui a touché plus de 1 500 hommes. Objectif, déconstruire les stigmatisations et encourager le soutien aux victimes. « Peu à peu, nous avons vu des maris accompagner leur femme en consultation. C’était inimaginable avant », témoigne Elodie Françoise, responsable médicale du projet.

Depuis 2019, MSF a pris en charge 16 445 survivant·e·s de violences sexuelles à Salamabila. Ce chiffre témoigne de l’ampleur d’une crise trop longtemps ignorée. Dans une région où les victimes risquent des infections graves et des grossesses non désirées si elles ne sont pas prises en charge dans les 72 à 120 heures suivant l’agression, l’urgence est plus que jamais palpable.

 

Par Sylvie NABINTU 

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