La zone de santé de Kitutu, et en particulier l’aire de santé de nyamibungu, fait face à une situation sanitaire critique qui exige une mobilisation immédiate. Lors d’une interview accordée à votre média jeudi 2 octobre 2025, le médecin chef de zone de Kitutu, dans le territoire de Mwenga, province du Sud-Kivu (RDC), docteur David Kisoka, renseigne que la situation est alarmante.
Des enfants atteints de rougeole affluent dans les structures de santé, mais aucune infrastructure spécialisée n’a été mise en place pour leur prise en charge. Les mères attendent désespérément que leurs enfants soient reçus, tandis que l’épidémie continue de se propager.
Une triple épidémie qui ravage les plus vulnérables
Depuis le début de l’année 2025, 950 cas de rougeole, dont 27 décès, et 877 cas de Mpox avec 10 décès ont été rapportés renseigne docteur David Kisoka.
Cette situation concerne l’ensemble des 22 aires de santé que compte la zone de santé de Kitutu, avec une aggravation notable dans l’axe Lugushwa, notamment dans l’aire de santé de Mapale, située à plus de 75 kilomètres de l’hôpital général de Kitutu, précise le médecin chef de zone.
Ces chiffres traduisent une urgence sanitaire qui ne peut plus être ignorée. La rougeole, évitable par la vaccination, se propage dans un contexte de malnutrition sévère, tandis que le Mpox exerce une pression supplémentaire sur un système de santé déjà fragilisé.
Une crise humanitaire aggravée par l’insécurité
La présence de troupes armées et de réservistes dans la région perturbe les échanges entre territoires et villes, entrainant une flambée des pris des produits de première nécessité, une rupture dans l’approvisionnement en médicaments et intrants médicaux, ainsi qu’un afflux de déplacés internes, qui souvent n’ont pas accès aux soins.
Cette instabilité compromet gravement la capacité de riposte et expose davantage les enfants à des risques mortels. Malgré l’envoi de certains kits par l’UNICEF, les effets conjugués de la rougeole, de la malnutrition et de Mpox continuent de faire souffrir la communauté en cette période de crise humanitaire.
Il est impératif d’ériger des centres de traitement spécialisés pour la rougeole, intégrant la prise en charge nutritionnelle et la gestion des cas de Mpox. Ces centres doivent être soutenus par des équipes médicales formées et équipées, ainsi qu’un approvisionnement régulier en médicaments, vaccins et intrants nutritionnels.
Une coordination renforcée entre les autorités sanitaires, les partenaires humanitaires et les bailleurs de fonds est essentielle pour faire face à cette crise. Le docteur David Kisoka lance un appel pressant, » Nyamibungu ne peut plus attendre, chaque jour sans action est une vie d’enfant en danger. Il est temps de transformer l’indifférence en engagement, et l’urgence en réponse concrète ».
Par Sylvie NABINTU