Dans une atmosphère tendue mais solennelle, le colonel Michael Randrianirina a été officiellement investi vendredi 17 octobre 2015 comme « président de la refondation » de la République de Madagascar. Cette cérémonie, tenue dans la capitale, marque un tournant majeur dans la vie politique du pays, survenu trois jours après la destitution du président Andry Rajoelina par l’Assemblée nationale et la prise de pouvoir par une junte militaire.
Ce changement de cap intervient dans un contexte de crise institutionnelle, où les militaires ont justifié leur intervention par la nécessité de « restaurer l’ordre républicain » et de « refonder les bases démocratiques du pays ». L’Union européenne, tout en exprimant sa préoccupation, a appelé à un dialogue inclusif entre « toutes les parties » afin de renouer « avec les valeurs démocratiques ».
Le nouveau gouvernement de transition, présenté lors de la cérémonie, se distingue par sa composition hétérogène. Il inclut les quatre ministres nommés par Rajoelina le 6 octobre, dont le général Ruphin Zafisambo, reconduit au poste de Premier ministre. Toutefois, les figures emblématiques du régime précédent sont largement absentes, laissant place à des personnalités issues du monde économique, de la société civile et même de la génération Z, signe d’une volonté affichée de renouvellement.
Ce remaniement soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir politique de Madagascar. Si certains saluent une opportunité de rupture avec les pratiques du passé, d’autres redoutent une militarisation durable du pouvoir. Les prochains jours seront décisifs pour évaluer la capacité du nouveau président à fédérer autour d’un projet de refondation nationale.
Rédaction