Ladislas Witanene, acteur au bureau de la société civile environnementale dans la province du Sud-Kivu, alerte sur la situation actuelle du Parc National de Kahuzi-Biega. Ce site du patrimoine mondial continue d’attirer l’attention en raison de la déforestation et de l’exploitation illicite des ressources naturelles. Lors d’un entretien avec le reporter de votre media mardi 28 octobre 2025, cet acteur de la société civile renseigne que les ressources exploitées de manière illégale comprennent le bois de chauffe, le charbon de bois, des espèces animales du parc en termes de gibiers, ainsi que des minerais tels que le coltan et la cassitérite.
Les rapports des organisations de la société civile indiquent que des sacs et camions de braise en provenance du PNKB alimentent aujourd’hui les villes de Bukavu au Sud-Kivu et au Nord-Kivu Goma. Cette situation est jugée très alarmante et témoigne d’une exploitation préoccupante du parc ajoute notre source .

Les zones les plus touchées par ces activités illicites sont les villages de Katasomwa et Kabambare dans le territoire de Kabare, ainsi que Bugorhe, Buhozi et Chishatu dans le territoire de Kalehe. Ces villages subissent une forte pression liée à la production artisanale de charbon de bois.
Parmi les facteurs qui favorisent ces pratiques, on retrouve la pauvreté et les problèmes fonciers. Les auteurs de ces actes cherchent des ressources, des biens et des moyens de subsistance, car la population riveraine est extrêmement pauvre.
Les conséquences directes de cette exploitation illégale sur la biodiversité sont multiples. Elle réduit l’espace vital, menace l’écosystème et l’habitat des gorilles ainsi que d’autres espèces vivant dans le parc. Elle entraîne également la disparition d’espèces forestières, d’arbres, de cours d’eau et de feuilles médicinales.
Sur le plan humain, la population riveraine est également affectée. « Vous savez, aujourd’hui cela accentue les effets du changement climatique. Comme nous le constatons, il y a des éboulements, des inondations et même l’apparition de certaines maladies inconnues, tout cela suite à la perte de la biodiversité », explique Ladislas Witanene.
Il ajoute que cette situation influence même la variation du niveau des eaux du Lac-Kivu, ce qui pourrait impacter le fonctionnement du barrage de Ruzizi et, par conséquent, la production d’énergie dans la ville de Bukavu, la province du Sud-Kivu et toute la sous-région des Grands Lacs.
L’impact est également visible sur la présence des gorilles. Les zones dévastées entourent le parc, là où les gorilles commençaient à s’habituer à une certaine proximité avec les populations locales.

En termes de recommandations pour la protection de ce site du patrimoine mondial, Ladislas Witanene appelle les autorités à renforcer la protection du parc et à sanctionner les auteurs des actes illicites. Il insiste sur l’implication de la population riveraine dans les activités d’alerte et de sensibilisation pour la préservation du parc.
Il invite également les partenaires techniques et financiers à intensifier les campagnes de sensibilisation et à organiser des réunions pour montrer à la population l’importance de protéger ce site. Enfin, il recommande le développement d’alternatives concrètes, notamment des projets répondant aux besoins des communautés locales, compte tenu de leur niveau de pauvreté.
Redaction





