À l’occasion du lancement du mois d’Octobre Rose, dédié à la lutte contre le cancer du sein, les journalistes de Goma ont été conviés à un point de presse organisé mercredi 1er octobre au centre de dépistage et de diagnostic de la Fondation Élisabeth Mishika dans l’objectif briser le silence autour d’un fléau de santé publique encore trop ignoré le cancer du sein et du col de l’utérus.
« On pensait que c’était une maladie des Blancs, mais aujourd’hui c’est une réalité bien présente chez nous, » alerte le Dr Élisabeth Mishika. En République Démocratique du Congo, et particulièrement dans la province du Nord-Kivu désormais classée deuxième après Kinshasa en nombre de cas, le cancer touche de plus en plus de femmes.
Pourtant, moins de 5 % d’entre elles ont réellement accès à un diagnostic.
Entre peur, pauvreté et silence
Parmi les premiers obstacles, la peur. « Beaucoup redoutent le résultat et refusent de se faire dépister,les rumeurs, le manque d’information, les tabous culturels freinent l’action », souligne le Dr Mishika.
Cette peur retarde les diagnostics, entraînant l’arrivée tardive des patientes, souvent avec des cancers déjà métastasés. Or, détecté tôt, le cancer (cancer du sein et du col de l’utérus) est guérissable dans 9 cas sur 10.
Le coût trop élevé une autre barrière
Outre la peur, l’un des défis majeurs reste le coût élevé du parcours de soins. Des examens complémentaires comme l’immunohistochimie peuvent coûter entre 250 et 300 dollars, un montant inaccessible pour la majorité des familles. Résultat : certaines femmes restent chez elles, faute de moyens, ou renoncent complètement à se soigner, persuadées que le cancer est une condamnation à mort.
Des actions concrètes, mais limitées
Entre août et septembre, la Fondation a sensibilisé près de 700 femmes dans les quartiers périphériques de Goma comme Ndosho et Munigi. Grâce à la gratuité des tests offerts, beaucoup ont accepté de se faire dépister. Dix cas positifs ont été confirmés, preuve que l’accès au dépistage peut sauver des vies à condition qu’il soit accessible à toutes.
Un droit mais pas un luxe
« Le dépistage et l’accès au traitement sont un droit. Une femme ne devrait pas être contrainte de vendre sa parcelle pour se soigner, » martèle le Dr Mishika. Derrière chaque patiente, se cache souvent une jeune mère, une femme pilier du foyer. Lorsqu’elle tombe malade, c’est toute la famille qui vacille.
Un appel à l’État et aux partenaires
La Fondation appelle les autorités et les partenaires à garantir à chaque femme en particulier dans une province marquée par les conflits et où les femmes sont déjà vulnérables en l’accès au diagnostic, au traitement et à un accompagnement digne.
Ce mois d’octobre est bien plus qu’un symbole, c’est un cri d’alarme pour que plus jamais une femme ne meure faute d’avoir été dépistée à temps. L’information sauve, le dépistage précoce guérit. Il est temps d’agir.
La Rédaction