Société

Les ISP du Sud-Kivu renforcent leurs capacités pour faire face aux conflits et traumatisme en milieux scolaires

Les responsables de la pédagogie universitaire sont invités à intégrer dans les programmes de formation des chapitres sur la gestion des traumatismes. Ils sont aussi appelés à revoir leurs méthodes d’enseignement pour les adapter au contexte actuel de la province du Sud-Kivu. Cet appel a été lancé par le professeur Matabishi Namashunju Samuel, directeur du projet « Mise à l’échelle de l’impact d’un module de formation initiale pour les enseignants en zone de conflit ».

C’était à l’issue d’un atelier de trois jours organisé à Bukavu, du 29 septembre au 1er octobre 2025, à l’intention des formateurs et gestionnaires des Instituts Supérieurs Pédagogiques (ISP) de la province.

Selon le professeur Matabishi, la tenue de cet atelier fait suite d’un constat  fait en RDC, pays de plus en plus touché par les conflits qui ne dispose pas de modules adaptés pour former les enseignants à gérer les conflits dans les écoles. Les ISP ne possèdent pas de formation spécifique sur la gestion pédagogique des conflits, alors que cela pourrait aider les enseignants à mieux gérer les tensions entre élèves.

Pour lui, il est urgent d’intégrer dans la formation des enseignants des cours sur la gestion et la résolution des conflits, l’éducation en situation d’urgence et la pédagogie sensible aux traumatismes. Il souligne aussi l’importance de fournir aux enseignants et formateurs des documents de référence adaptés à leur réalité, afin qu’ils soient mieux préparés à faire face aux défis dans leurs écoles.

Lors de son intervention sur l’impact des conflits sur l’enseignement maternel, primaire et secondaire dans la province éducationnelle Sud-Kivu 1, l’inspectrice provinciale adjointe en charge de l’enseignement maternel Maninga Nsimire Anastasie a dressé un tableau préoccupant. Dans certaines écoles, les élèves montrent déjà des signes de traumatisme et de dépression. Ils deviennent agressifs, ont du mal à se concentrer et d’autres abandonnent l’école ou s’isolent.

Pour répondre à ce problème, le docteur Amani Balibusane Philippe psychiatre à l’hôpital de Panzi qui a présenté le thème « approches pédagogiques tenant compte des traumatismes des apprenants en situation de conflit », a encouragé les formateurs à mieux comprendre les difficultés des élèves. Il a aussi insisté sur l’importance d’apprendre aux enfants à exprimer leurs émotions, car cela contribue à leur bien-être mental.

Il a recommandé aux responsables d’écoles d’intégrer des cours sur la santé mentale, qu’il considère comme essentiels dans tout établissement de formation.

Au nom des participants, le chef de travaux à l’Institut Supérieur Pédagogique ISP Bukavu Kazunguzibwa Nyenyezi a remercié l’ISP Bukavu pour l’organisation de cet atelier, qui renforce leurs compétences en gestion des conflits dans les écoles et leur donne des connaissances pour aider les élèves et étudiants en détresse psychologique.

Le professeur Bapolisi Bahuga Paulin, représentant de I’ISP Bukavu, a salué l’engagement des participants et les a invités à partager les connaissances acquises avec leurs collègues qui n’ont pas pu assister à l’atelier. Il a souligné que les échanges ont montré une volonté d’innover dans le système éducatif congolais.

Le conseiller du gouverneur en charge de l’éducation Ndongozi Freddy, qui a représenté l’autorité provinciale, a assuré que le gouvernement soutiendra le processus pour que ce manuel soit intégré dans les programmes officiels.

Il faut noter que cet atelier s’inscrit dans le cadre du projet << Mise à l’échelle de l’impact d’un module de formation initiale pour les enseignants en zone de conflit, financé par le centre de recherche pour le développement international (CRDI) , une société d’Etat du gouvernement du Canada en collaboration avec Institute of développement Studies (IDS) de la grande Bretagne.

En République Démocratique du Congo RDC , il s’étend sur trois institutions à savoir l’ISP Bukavu au Sud-Kivu, ISP Kalemie au Tanganyika et l’ISP Tshikapa au Kasaï. 

Des responsables et formateurs des ISP venus de Lulingu, Baraka (territoire de Cizi), Uvira, Kaziba en territoire de Walungu et Shabunda ont pris part à ces assises. L’atelier a été clôturé par la remise de brevet aux participants. 

 

Par Sylvie NABINTU 

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