Le calme n’est toujours pas revenu en Tanzanie. Au lendemain d’élections présidentielle et législatives marquées par des violences et des accusations de fraude, le pays reste sous tension. Dans les rues de Dar es Salaam, la capitale économique, les affrontements se sont poursuivis jeudi 30 octobre 2025, sur fond de répression policière et de coupure des communications.
Des détonations ont résonné jusque tard dans la nuit. Selon la radio France Internationale RFI, des témoins décrivent des scènes de brutalité, des manifestants battus contraints de ramper dans la boue sous les ordres des forces de l’ordre. Le couvre-feu imposé la veille reste strictement appliqué. Écoles et commerces sont fermés, et les rares passants sont sommés de rentrer chez eux.
Dans ce climat de peur, difficile de mesurer l’ampleur réelle de la crise. Les connexions internet et 4G, brièvement rétablies, ont de nouveau été coupées fait savoir RFI.
À Arusha, la tension est palpable. Une habitante confie avoir entendu des tirs jusqu’en début de soirée. Elle redoute un confinement prolongé : « Ici, on vit au jour le jour, surtout les taxis-motos. Ça ne pourra pas durer éternellement. »
« C’est une nouvelle génération. Elle ne va plus se contenter de prier », affirme un défenseur des droits humains. « Tout cela aurait pu être évité si les autorités avaient accepté un débat. Mais il n’y a plus d’oxygène. Ils ont coupé Twitter, Facebook… C’est pour ça que les gens sont descendus dans la rue. »
Joseph Oleshangay, du Centre tanzanien pour les droits de l’homme contactez par RFI , dénonce une répression systématique, « Tous les vrais opposants ont été écartés ou emprisonnés. Aujourd’hui, même un simple citoyen qui s’exprime peut finir derrière les barreaux. » Selon plusieurs ONG, 55 cas de disparitions forcées ont été recensés en trois semaines.
La purge n’épargne plus les rangs du pouvoir. Le 6 octobre, Humphrey Polepole, ancien ambassadeur à Cuba et cadre du parti présidentiel, a été enlevé à Dar es Salaam après avoir critiqué la dérive autoritaire de la présidente.
Les premiers résultats, annoncés à la radio, donnent une large victoire à la présidente sortante, Samia Suluhu Hassan. Dans certaines circonscriptions, elle aurait obtenu jusqu’à 100 000 voix, contre seulement 69 pour l’opposition. Des chiffres qui, pour beaucoup, confirment un scrutin verrouillé d’avance.
Rédaction
 
				



