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Marline Babwine : Une voix féminine dans les mines au Sud-Kivu

Parole à la femme reçoit aujourd’hui Marline Babwine, une femme qui s’est distinguée dans le secteur minier de la province du Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo et chargée de programme au Bureau d’Etudes Scientifiques et Technique BEST 

Parlez-nous de vous. Qui est madame Marline Babwine ? Quel est votre parcours scolaire et académique ?

Je suis Marline Babwine, engagée depuis plus de dix ans dans la défense des droits humains, en particulier ceux des femmes et des enfants, dans la ville de Bukavu. Mon parcours scolaire a débuté au complexe scolaire Christ Roi pour la maternelle. J’ai ensuite poursuivi mes études primaires et secondaires au Collège Alfajiri, dans l’option commerciale et administrative. Par la suite, j’ai intégré l’Université Officielle de Bukavu où j’ai étudié les sciences économiques, avec une spécialisation en gestion financière. À vrai dire, l’option commerciale était le choix de mes parents. Moi, je voulais faire l’électricité à l’Institut Fundi Maendeleo (ITFM), mais mes parents ont estimé que la section commerciale m’offrirait plus d’opportunités par la suite.

En tant que femme qui travaille dans les mines, à quel niveau votre travail impacte-t-il la communauté ?

Je dirais que j’ai déjà obtenu quelques résultats, modestes mais encourageants. Je travaille beaucoup sur moi-même, car lors des réunions et formations, certaines femmes pensent que je suis là pour leur enseigner comme une maîtresse. Pourtant, j’apprends autant d’elles qu’elles de moi. Mon travail consiste à sensibiliser sur les droits humains et à promouvoir le leadership féminin.

Quel changement vos actions ont-elles apporté dans votre parcours professionnel en tant qu’experte dans le secteur minier au Sud-Kivu ?

Depuis mon entrée dans le secteur en 2014, j’ai beaucoup évolué, notamment dans la planification de projets. Les formations reçues à l’université m’ont été très utiles, et j’ai également bénéficié de nombreuses formations sur les droits humains et le leadership. Je suis fière de la personne que je suis devenue. Aujourd’hui, je suis invitée à participer à plusieurs rencontres et réseaux internationaux sur les droits humains et la construction de la paix à travers le monde.

Quelles sont les activités que vous menez sur le terrain ?

Au départ, je pensais qu’il serait intéressant de travailler dans une entreprise minière. Mais j’ai vite compris que cela impliquait de suivre les orientations des responsables et de respecter les normes internes. J’ai donc choisi de rejoindre les organisations de la société civile, où je suis mieux placée pour faire de plaidoyer, notamment sur les réformes législatives, et pour informer les communautés sur leurs droits et le développement. Nous avons mené de nombreuses campagnes de sensibilisation pour aider les communautés à comprendre leurs droits. Au Sud-Kivu, beaucoup de personnes pratiquent l’exploitation minière artisanale, souvent dans des conditions de violation des droits. Nous avons organisé des formations et des séances d’information. J’ai également travaillé avec des groupes de femmes pour les aider à se structurer et à collaborer, afin qu’elles puissent être intégré dans la chaîne d’approvisionnement des minerais.

Le secteur minier étant majoritairement masculin, en tant que femme engagée, avez-vous rencontré des obstacles dans l’exercice de votre métier ?

Oui, j’ai rencontré plusieurs difficultés, principalement liées aux normes culturelles dominantes dans la région, plus qu’au secteur lui-même. Hommes et femmes m’ont souvent mise sous pression, estimant qu’il n’était pas normal qu’une femme réussisse dans ce domaine. Mais grâce aux formations et à l’apprentissage des lois et du fonctionnement du secteur, j’ai acquis des connaissances solides qui m’ont permis de gagner une place considérable dans la société, notamment dans le secteur minier.

Comment parvenez-vous à surmonter les stéréotypes ?

Sur ce point, le Bureau d’Études Scientifiques et Techniques  (BEST) m’a beaucoup soutenue. C’est une organisation reconnue qui travaille dans ce secteur depuis 1988. À chaque fois que je prends la parole devant un public, hommes ou femmes, je ressens ce lien fort entre l’organisation et moi. BEST m’a offert une protection morale et institutionnelle. Parfois, j’ai utilisé les réseaux sociaux via des comptes anonymes, car dans notre culture, les femmes engagées sont souvent critiquées et menacées, parfois sans raison.

 

Redaction 

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