Santé

Gaza : La faim, la maladie et la mort restent partout présentes, 2,1 millions de personnes, fait face à une pénurie alimentaire prolongée

Le risque de famine s’aggrave à Gaza où l’aide humanitaire, notamment alimentaire, reste délibérément bloquée. L’ensemble de la population de Gaza, soit 2,1 millions de personnes, fait face à une pénurie alimentaire prolongée, et près de 500 000 personnes connaissent une situation catastrophique : affamées, en situation de malnutrition aiguë, elles sont confrontées à la maladie et à la mort. Une des pires crises alimentaires au monde se déroule aujourd’hui sous nos yeux.

La dernière analyse de la sécurité alimentaire a été publiée le 12 Mai 2025 par le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), un partenariat dont l’OMS est membre.

« Il n’y a pas besoin d’attendre que la famine soit déclarée à Gaza pour le constater : affamés, les habitants tombent malades et meurent. Pourtant, la nourriture et les médicaments sont bien disponibles, à quelques minutes de là, de l’autre côté de la frontière », a déclaré le Directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Le rapport publié le 12 mai 2025  montre que sans un accès immédiat à la nourriture et aux fournitures essentielles, la situation continuera de se détériorer et les décès de se multiplier tandis que la population sombrera dans la famine. »

Même si la famine n’est pas encore officiellement déclarée, des gens meurent d’ores et déjà de faim. Les trois quarts de la population de Gaza souffrent de privations alimentaires classées aux stades « urgence » ou « catastrophe », soit les deux niveaux les plus bas du Cadre intégré de classification, qui en compte cinq.

Depuis le début du blocus humanitaire, le 2 mars 2025, 57 enfants sont décédés des suites de la malnutrition selon les données du Ministère de la santé. Ce chiffre est probablement sous-estimé et devrait encore croître. Si la situation perdure, la malnutrition aiguë devrait toucher près de 71 000 enfants de moins de cinq ans au cours des onze prochains mois, selon le rapport du Cadre intégré de classification.

Les habitants de Gaza se retrouvent pris dans un cycle dangereux où la malnutrition et les maladies s’alimentent mutuellement – des maladies du quotidien peuvent désormais causer la mort, en particulier chez les enfants. La malnutrition affaiblit l’organisme, rend plus difficile de guérir des blessures et diminue la résistance à des maladies courantes comme la diarrhée, la pneumonie ou la rougeole. Ces infections, à leur tour, augmentent les besoins nutritionnels en réduisant l’absorption des nutriments, ce qui a pour effet d’aggraver la malnutrition.

Les soins de santé sont inaccessibles, la couverture vaccinale est en recul, l’accès à l’eau potable et à l’assainissement est fortement dégradé et la protection des enfants est un motif de préoccupation croissant. Dans ce contexte, le risque de maladie grave et de décès augmente, notamment chez les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère, qui doivent être rapidement traités pour survivre.

Les femmes enceintes et allaitantes sont également très exposées à la malnutrition. Si la situation ne s’améliore pas, près de 17 000 d’entre elles devraient avoir besoin d’un traitement contre la malnutrition aiguë au cours des onze prochains mois.

Lorsqu’elles ne bénéficient pas d’une alimentation adaptée, les mères peinent à produire suffisamment de lait nutritif, mettant ainsi en danger la santé des nourrissons, tandis que les services de conseil maternel sont gravement perturbés. Chez les enfants de moins de six mois, le lait maternel constitue la meilleure protection contre la faim et la maladie – surtout là où l’eau potable est rare, comme à Gaza.

Les effets délétères de la malnutrition peuvent se faire sentir tout au long de la vie : elle retarde la  croissance, altère le développement cognitif et entraîne des problèmes de santé ultérieurs. Sans aliments nutritifs suffisants, sans eau propre et sans accès aux soins, une génération entière risque de subir des conséquences irrémédiables.

Le plan récemment annoncé par les autorités israéliennes, qui tend à distribuer de la nourriture et des produits essentiels via différents points dans Gaza, est largement insuffisant pour répondre aux besoins urgents de plus de deux millions de personnes.

L’OMS réitère l’appel des Nations Unies à respecter les principes humanitaires fondamentaux – humanité, impartialité, indépendance et neutralité – et à garantir un accès humanitaire sans entrave, ce qui permettra d’apporter une aide en fonction des besoins, où que se trouvent les personnes.

Un système humanitaire coordonné, éprouvé, dirigé par l’ONU et ses partenaires, est déjà en place et doit être à même de fonctionner pleinement pour assurer une distribution de l’aide conforme aux principes, rapide et équitable.

Le blocus humanitaire et la détérioration de l’accès à l’aide compromettent la capacité de l’OMS à soutenir 16 centres de traitement ambulatoires et trois centres hospitaliers de traitement de la malnutrition en mettant à disposition les fournitures vitales nécessaires, tout en affaiblissant le système de santé dans son ensemble. Les stocks restants de l’OMS à Gaza ne suffisent actuellement qu’à traiter 500 enfants souffrant de malnutrition aiguë – soit une infime partie des besoins – tandis que les médicaments essentiels pour soigner les malades et les blessés sont en voie d’épuisement, sans possibilité de réapprovisionnement en raison du blocus.

Des personnes meurent alors que les fournitures médicales vitales de l’OMS et de ses partenaires sont prêtes à être livrées, directement à l’extérieur de Gaza  en appliquant les mécanismes de sécurité nécessaires pour s’assurer qu’elles atteignent bien celles et ceux qui en ont le plus besoin, dans le respect des principes humanitaires.

L’OMS appelle à protéger les services de santé et à lever immédiatement le blocus humanitaire, qui affame la population, enfreint son droit à la santé, lui vole sa dignité et brise son espoir. L’OMS appelle également à la libération de tous les otages et à un cessez-le-feu, afin de parvenir à une paix durable.

 

Lifeinfos/OMS

 

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